Après un jour bien calme dans les monts du grand nord, le ciel se vit teinté de son noir le plus profond. La nuit était tombée sur les terres des Cyclopes. Une nuit qui allait rapidement devenir le théâtre d'un nouveau déferlement céleste. La fascinante pluie d'étoile apparue au large des montagnes et se fit de plus en plus continuelle en ces temps d'inquiétude. Jakob qui avait terminé sa journée de patrouille, s'apprêtait à relayer avec un compagnon de cortège. Lorsque soudain, il vît le spectacle luminescent éclairer l'horizon. Le berger avait espéré dans la crainte, de revoir cette menaçante et resplendissante attraction cosmique. Il ne savait rien à son propos, il n'en avait jamais entendu parler dans les récits du conteur. Mais il avait la certitude que cela ne présageait rien de bon.
Prêt à prendre du retard sur son rapport de patrouille, il s'assit sur la roche froide, admirant avec stupeur ce décor tumultueux. Tandis que le vent frais des gorges pénétrait dans sa longue fourrure rêche. Guère de temps après avoir observé le ciel danser, un bruit de pas sur les rochers, suivi d'un souffle fragile, retentirent dans son dos. Le guetteur se retourna sans précipitation avant d'apercevoir une silhouette masquée par l'ombre. L'odeur familière qui lui vint à la truffe lui fit rapidement prendre conscience qu'il ne s'agissait pas de n'importe qui. Kei se présenta devant lui. Le guerrier Bêta hautement réputé au sein de la meute semblait bien soucieux ce soir.
Celui-ci s'approcha de Jakob, prononçant son nom tout en y ajoutant un signe courtois de la tête. Le berger ne tarda pas à faire de même. Le Kishu s'assit auprès de lui, l'observant d'un air tourmenté.
« Sommes-nous en sécurité ? » prononça-t-il.
Le gardien ne fut pas surpris par la question du guerrier. Bien que lui-même ne pouvait y apporter explication, tant il n'avait point de ressources concernant cette tempête de lumière Il savait néanmoins qu'elle générait l'inquiétude auprès de ses congénères. Jakob ne donna pas réponse au Bêta, préférant s'enterrer dans un silence embarrassant. Kei détourna la tête, regard rivé vers la robe étoilée et grogna comme s'il cherchait à évacuer une probable anxiété :
« Combien de temps cela va-t-il encore durer ? »
À ces mots, Jakob ne pouvait pas plus longtemps cacher son tourment :
« Je ne sais pas, mais j'ai un mauvais pressentiment. »